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29 juillet 2008

L'escòla e las inegalitats socialas e linguisticas

Aquí un testimoniatge que va en lo sens de l'analisi de Bourdieu sus las inegalitats socialas a l'escòla. Nos interessa d'aitant mai que ven d'un occitanofòn que deu una bona part del sieu percors a un regent qu'aplicava lo metòd Freinet.


1. Septembre 1964-Septembre 2004 : je peux témoigner de ce que l’essai de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron (« Les Héritiers, les étudiants et la culture ») est toujours exact.

Paris, septembre 1964 : au moment où Pierre Bourdieu rédigeait la conclusion de son essai (« La cécité aux inégalités sociales condamne et autorise à expliquer toutes les inégalités, particulièrement en matière de réussite scolaire, comme inégalités naturelles, inégalités de dons… »), je faisais la connaissance de mes nouveaux camarades de promotion de Polytechnique sur la montagne Sainte Geneviève, et j’observais les liens qui les unissaient par leur lycée de préparation (Louis le Grand, Ginette…), leurs affinités religieuses (les « talas », les israélites…), culturelles (binets musique, théâtre…), sportives (escrime, tennis…).

En juin, j’avais découvert Paris (venant du lycée Pierre de Fermat à Toulouse) pour passer les oraux des écoles Normale Supérieure (Ulm), Mines, Centrale, Polytechnique, et j’avais à peine été étonné par un examinateur qui justifiait la diminution d’un point de ma note d’épreuve mathématique à l’oral de l’X parce que je prononçais « epsilon » et « moins » avec un fort accent du sud-ouest !

Il est vrai que, né dans une famille très pauvre de paysans de la montagne Noire (entre Brassac et Lacaune), ma langue maternelle était l’occitan local, et j’ai appris le Français à l’école de mon hameau où de jeunes instituteurs débutants venaient enseigner à une quinzaine d’élèves de tous âges, se déclaraient malades dès la première neige de l’hiver tombée, remplacés quelques semaines plus tard par d’autres débutants tout aussi peu motivés pour l’accompagnement pédagogique de ces jeunes paysans…Ma chance est d’avoir eu comme premier instituteur un adepte de la méthode Freinet.

Si j’ai eu ma deuxième chance d’être proposé par l’un d’eux pour concourir à l’examen d’entrée en sixième du collège Jean Jaurès de Castres, c’est parce qu’une sœur aînée particulièrement douée avait été quatre ans plus tôt victime d’un oubli d’inscription à cet examen : reçue ensuite première du canton au certificat d’études primaires, elle n’a jamais pu réduire plus tard cet handicap d’un train d’études et diplômes raté.

Je pourrais volontiers – mais ce n’est pas l’objet du présent propos – illustrer par mes souvenirs d’interne collégien puis lycéen les raisonnements sophistiqués de Pierre Bourdieu précité: je me contenterai d’évoquer un fort mauvais départ (5/20 de moyenne en mathématiques en classe de sixième) et l’insistance déterminante de mon professeur de mathématiques en classe terminale (lui-même fils de mineur de Carmaux et cachant ses convictions communistes) pour m’orienter vers les classes préparatoires aux grandes écoles d’ingénieurs dont mes parents ignoraient l’existence.

En 1964-1966, alors que les idées (confortées par des statistiques incontestées) de Pierre Bourdieu nourrissaient des polémiques dans les dîners parisiens, et que mes camarades de « Neuilly, Auteuil, Passy » (avec qui j’ai parfois conservé des liens amicaux) s’en faisaient l’écho, je leur disais : « Souriez : je suis votre alibi, parmi les 3% d’admis fils de pauvres, qui permet à vos parents d’affirmer que le recrutement de l’école Polytechnique est démocratique ! ».

Fontainebleau, septembre 2004 : notre quatrième de nos six enfants, Guillaume, est admis à l’école Polytechnique, après l’aîné Laurent (1988), le deuxième Alexandre (1992), et alors que le troisième Géraud y a été « grand admissible » en 1994 (et a intégré l’ENSTA), et que la cinquième Constance vient d’intégrer l’ESSEC.

Ainsi donc je montre pour la seconde fois la justesse des mécanismes d’héritage culturel et des choix tactiques d’éducation révélés par Pierre Bourdieu : alors que huit déménagements géographiques ont jalonné ma vie professionnelle en France, et bien que je n’ai jamais donné un coup de pouce pour des leçons ou exercices à mes enfants, il m’a suffi de les scolariser dans l’école (publique ou privée) la plus proche de notre domicile, puis de leur choisir l’Allemand en première langue du collège, et enfin de les proposer en terminale dans un lycée parisien doté de classes préparatoires aux grandes écoles, à dix minutes de la résidence de mes beaux parents.

Ils ont suivi un parcours scolaire équilibré avec l’attention constante de mon épouse qui avait obtenu une maîtrise de droit au moment de la naissance de notre second fils à Lille, puis a été empêchée d’engager une carrière professionnelle à cause de mes mutations successives.

Et pendant ces 40 ans écoulés, le taux d’enfants de pauvres admis s’est dégradé !

La seguida, aquí

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